mercredi 28 janvier 2009

Cordouan : un phare d'exception -The King of Lighthouses: Cordouan













CORDOUAN : UN PHARE D'EXCEPTION
THE KING OF LIGHTHOUSES: CORDOUAN
Situé à 7 km en mer sur un plateau rocheux, à l'embouchure de la Gironde, le phare de Cordouan observe l'océan, la côte du Médoc et de la Charente Maritime. Il fut classé Monument Historique en 1862, en même temps que Notre-Dame de Paris.
Son nom proviendrait de Cordoue, lorsqu'au Moyen-Age les Espagnols ouvrirent un comptoir dans la région et souhaitèrent sécuriser la navigation de leurs navires.
Au XIVème siècle, le Prince Noir, Edouard, gouverneur de la province de Guyenne, alors anglaise, ordonna la construction d'une tour. Un ermite fut chargé de surveiller le feu, mais la tour fut très vite abandonnée et tomba à l'état de ruines. Deux cents ans plus tard, les dangers de la navigation menacèrent sérieusement le commerce des vins de Bordeaux. Le maréchal de Matigon, en présence de Montaigne, alors maire de Bordeaux, décide de construire un phare. Louis de Foix, ingénieur-architecte, consacra 18 années de sa vie et de sa fortune à cette "oeuvre royale". Son fils ruiné lui succédera, puis François Beuscher remplira le contrat 27 ans après sa signature.
Un petit dôme exista au XVIème siècle, détruit par une violente tempête. En 1719, la partie supérieure de la tour fut démolie et reconstruite par l'ingénieur-en-chef des fortifications de Bordeaux. De 1782 à 1789, Joseph Teulère, un autre ingénieur, rehaussa l'ouvrage de 30 mètres tout en conservant la base et 2 étages, dans le style Louis XVI, le reste du bâtiment étant une merveille de la Renaissance. Le phare culmine à 60 m au dessus de l'océan. Les lampes à huile furent remplacées en 1823 par la première lentille de Fresnel, puis en 1848, le phare est électrifié, à l'aide de 2 groupes électrogènes, un troisième a été ajouté en 1976. Cordouan possède 6 étages dont l'appartement du Roi au 1er (1664) pavé de marbre blanc et noir et dont les pilastres sont ornés des monogrammes de Louis XIV et Marie-Thérèse. Il n'y viendra jamais. On peut aussi voir la chapelle au 2ème, avec ses huit baies à vitraux. Les orifices percés dans les planchers servaient à faire monter les combustibles à l'aide d'une poulie avant l'électrification.
En 2005, des travaux de consolidation eurent lieu sur le plateau afin de mieux protèger le phare des assauts de la houle. En service depuis 1611, des générations d'hommes se sont relayées ici. On dit qu'il pourrait être mis fin à toute présence humaine à Cordouan sous peu.
Je dédie cet article à mon amie Michele Cameron Drew qui fait un blog remarquable "Spectrum" dont le lien permanent figure en haut à droite et qui aime beaucoup les phares.
THE KING OF LIGHTHOUSES: CORDOUAN
For this French lighthouse, close to the Médoc Coast, keywords are durability and decor. Columns, frontons, arched doorways and carved stone are an ode to the ocean...more: direct link: http://www.trifter.com/Europe/France/The-King-of-Lighthouses.Cordouan.474337
This article is dedicated to my friend Michele Cameron Drew, author of a remarkable blog "Spectrum" whose permanent link can be found here on top right hand corner and who loves lighthouses.

samedi 17 janvier 2009

Expo "Made in Chambord" : le patrimoine valorisé


























EXPO "MADE IN CHAMBORD" : LE PATRIMOINE VALORISE
In English: http://www.trifter.com/An-Amazing-Exhibition-Made-in-Chambord.396123
Qui ne connaît ce fabuleux château aux toits, lanternons et cheminées d'exception (autant que de jours dans l'année) au coeur de la forêt de Sologne ? Il nous ramène à une époque où art de vivre et beauté se conjuguaient si bien ensemble.

Chambord fut construit en 1519, dans les premières années de la Renaissance et inspiré par l'Italie. Le roi François 1er, en sa passion débordante, dépensa une fortune, même lorsque l'argent se faisait rare, il avait toujours une solution ! (vous voyez ce que je veux dire). La construction n'arrêta jamais. C'est lui qui écrivit sur une vitre "souvent femme varie, bien fol qui s'y fit". Il aimait à y entrenir une cour fastueuse et chasser sur son immense domaine. Ici, plus tard, Molière écrira son "Monsieur de Pouceaugnac" en seulement quelques jours. Cette pièce qui d'abord déplût énormèment à Louis XIV, fut sauvé par Lulli lorsque celui-ci sauta sur son clavecin et le défonça. Ce qui fit beaucoup rire le roi et...sauva la pièce.

Dans les communs du château, se tient une extraordinaire exposition jusqu'en mai 2009, c'est "Made in Chambord". Elle nous donne à voir différents objets éponymes. On le sait, les noms prestigieux furent souvent utilisés à des fins publicitaires, mais à ce point...

Lorsqu'il entre dans la cour, le visiteur est accueilli par une Simca Chambord (modèle 1961) dans une bulle de verre. Cette excellente et élégante voiture fut fabriquée de 1957 à 1961 en France puis au Brésil. Il y aura même de rares cabriolets et une somptueuse version décapotable pour l'Elysée (voir les liens ci-dessous). Le nom de Chambord sera donc utilisé pour toutes sortes de produits tels qu'une délicieuse liqueur dont le flacon reprend les emblèmes de la monarchie française, des tapis, des biscottes, des apirateurs, une couscoussière, un avion, des orchidées, des chocolats et même un...cercueil. Tous ces objets sont présentés dans une sorte d'inventaire à la Prévert. Il fut un temps où les clients se laissaient impressionner par ces thèmes qui rappellent les beautés d'un pays et du temps passé. Je ne suis pas sûr que ces temps soient révolus. Mais lorsque la beauté et l'excellence sont présentes dans la vie de tous les jours, celle-ci est bien plus agréable.
Sur ce sujet, voir : lien direct : - And in English, direct link :

lundi 12 janvier 2009

Simca Marly : le premier break de luxe en France












Ci dessus: Simca Marly 1958 - 2ème version


Simca Marly 1ère version sur base Versailles



Simca Jangada - Simca do Brasil - 1961

SIMCA MARLY : LE PREMIER BREAK DE LUXE EN FRANCE
In English: http://www.quazen.com/Recreation/Autos/Fascinating-French-Classic-Cars-Simca-Marly.542125
Après la Chambord et la Présidence, nous reprenons la route au volant du très luxueux break Marly, le premier du genre en France.
Conçu outre-Atlantique par Ford, un plan daté du 5 novembre 1954 dévoile un prototype de la Marly sur base de la nouvelle Vedette Versailles. A l'arrière, le coffre dispose de deux strapontins perpendiculaires à la route. En soulevant le plancher à la finition impeccable, on découvre une roue de secours qui, une fois relevée, offre un espace pour les jambes des deux passagers. Ce prototype du salon 1954, très proche du modèle de série (à l'exception de l'élégant tissu à rayures) ne sera jamais produit sous le nom de Ford et ne sera livré à la clientèle qu'au Printemps 1956.
Sa finition est inspirée de la Versailles, son train arrière est renforcé et ses accessoires bien spécifiques et si pratiques firent de cette version un modèle exceptionnel dans la production française de l'époque. Très novateur, il peut transporter 6 personnes et se transformer rapidement pour offrir un volume de chargement de 1,766 m3 ou une charge utile de 500 kg. On le rapproche des "station wagons" américains et il est le seul à pouvoir revendiquer une telle élégance face aux Renault Domaine, Peugeot 403 ou Citroën DS. Le panneau arrière très sobre et la ligne de toit sont particulièrement réussis. Son aspect cossu lui permet même de participer à des concours d'élégance. Les deux tons de la carrosserie sont magnifiques et se distinguent des voitures unicolores du temps. Notons qu'il fallait faire la demande expresse pour avoir un break d'une seule teinte, tant Simca était certain, et à juste titre, que les harmonies de couleurs plaîraient. La partie avant ne diffère pas de la berline, l'arrière fin et distingué, s'intègre parfaitement à l'ensemble. La superbe galerie de toit chromée accentue l'impression d'équilibre et d'harmonie. Tout dans ce break est fait pour le confort, on est loin des utilitaires alors en vogue et si recherchés. Le plancher est traité luxueusement, les sièges avant sont réglables et une multitude de détails font mieux comprendre le prix demandé de 1 150 000 AF. La Marly s'adresse plutôt aux gentlemen-farmers.
Les premières Vedette, uniquement des berlines sont livrées en novembre 1954 avec l'écusson Ford, la fusion Simca-Ford ne sera effective qu'au 1er décembre de la même année. Le génial et dynamique patron de Simca Henri Théodore Pigozzi saura magnifier toute la gamme Vedette, moderne extérieurement mais au moteur vieillissant le V8 à soupapes latérales, culasses plates (en alliage léger), le villebrequin à seulement 3 paliers et son bloc en fonte chemisable, sa boîte à 3 rapports dont la 1ère n'est pas encore synchronisée.
En 1958, le nouveau break Marly, de la seconde génération, subit les transformations de mécanique et de carrosserie de la Chambord. Ce sera un modèle d'élégance et de raffinement. La moteur gagne 3 CV par augmentation du taux de compression. Les roues passent à 15', ce qui permet d'améliorer les freins, et la suspension est nouvelle. Le pare-brise est panoramique, un des premiers en France. On trouve une décoration latérale (flamme) reprenant la teinte du toit qui vient souligner les feux arrière très réussis, agrémenté d'un motif en inox portant le nom de Marly. Les enjoliveurs, eux, sont ceux de la Beaulieu. On conservera l'arrière de l'ancienne version, vu la faible demande pour ce modèle très en avance sur son époque. La voiture est stable et silencieuse.
Le styliste Rapi a réalisé un modèle d'homogénéité dans le style italo-américain avec un niveau de finition encore inédit en France. Le traitement intérieur est à l'unisson. Simca avait réussi à offrir des voitures dont le standing de présentation, de recherche dans le luxe et le confort étaient véritablement équivalents à ceux des voitures de haut de gamme vendues le double il y a seulement quelques années. En 1958, la production Simca Vedette est remontée à 28 142 exemplaires grâce au nouveau lifting. C'est l'euphorie chez Simca. La Marly coûte alors
1 268 900 AF.
Simca do Brazil produisit le très beau break Jangada, une Marly légérement restylée et vraiment luxueuse.
Je dédie cet article à mon ami Jérémy, qui fait un site superbe sur les Simca Vedette dont vous trouverez l'adresse en haut à droite (lien permanent).
D'autres articles sur le sujet : Other articles on the subject in English:
et voir sur ce blog : "Simca Présidence, c'est royal" (25 déc.08)- "Simca Chambord : le goût de l'Amérique" (12 nov.08).