dimanche 12 janvier 2014

Les secrets de l'art ogival

                                              
  Cathédrale de Bayonne, côté sud, vue du cloître.

 
Choeur de la Cathédrale de Bayeux


Le tailleur de pierre, magnifique sculpture à la cathédrale de Bayonne.

It is my pleasure to present my English-speaking readers with this beautiful video by Russel Tarr.
 








Vidéo en anglais de Russel Tarr : Romanesque vs Gothic Architecture.

L'architecture romane avait besoin d'un centre, d'une unité d'influence pour qu'elle pût devenir l'art d'une nation. Elle en était réduite à s'éparpiller sans  progresser, selon les caprices de telle ou telle communauté religieuse. Quand l'unité du pouvoir monarchique commença à s'établir, cette unité se trouva fondée. Elle fut secondée par les corporations laïques qui, vers la fin du XIIème siècle, commençaient à prendre la direction des arts dans toutes les provinces de France.

En peu d'années, on quitte les traditions romanes. Au lieu d'admettre même les restes de l'art byzantin ou de l'antiquité, les nouveaux artistes vont aller chercher dans la nature qui les entoure leurs motifs de décoration, et créent une architecture nouvelle. L'architecture improprement appelée gothique fut le  réveil du vieil esprit gaulois se passionnant pour une idée et protestant contre la puissance monacale. Ces vigoureux effort de la science et du libre examen contre des traditions vieillies donna naissance au compagnonnage. A cette époque, les grandes cathédrales du domaine royal sont élevées sur des plans nouveaux : Notre-Dame de Paris, les cathédrales de Chartres, Bourges, Meaux, Laon, Amiens, etc... sont commencées sous Philippe-Auguste et terminées au XIIIème siècle.

Partant du principe que les voûtes agissent suivant des poussées obliques, les architectes laïques inventent l'arc-boutant pour les maintenir, et ces arcs deviennent un ornement de plus qui donna comme des ailes aux vastes édifices qu'ils entouraient. Les piles se divisent en faisceaux de colonnettes et s'élancent jusqu'au faîte. Les murs, devenus inutiles, disparaissent et sont remplacés par des claire-voies ornés de vitraux colorés. Tout devient ornement, jusqu'aux moindres détails de la construction, tels que les ferrures, la plomberie, les supports. La forme pyramidale est adoptée comme étant la plus stable. L'édifice gothique s'élève semblable à un château de cartes, s'appuyant sur toutes ses parties, sans qu'on puisse en retrancher une seule, tant elles sont solidaires les unes des autres. C'est tout simplement un tour de force d'équilibre.

De même que le massif pyramidal caractérise l'art égyptien, et la ligne horizontale l'amour des Grecs pour les beautés de l'ordre terrestre, de même l'arcade sur le pilier, la permanence de la ligne ascendante, est l'expression de la seule économie qui réconcilie  le ciel et la  terre, qui mette l'homme en communion avec son Créateur. Selon l'heureuse expression d'un poète anglais,  les flèches de nos cathédrales sont "des doigts levés pour nous montrer le ciel".  

En effet, ce qui caractérise avant tout l'église dite gothique, c'est la dimension en hauteur qui fait paraître la nef plus grande et plus profonde qu'elle ne l'est en réalité. Les voûtes paraissent d'une élévation incroyable, et les colonnes grêles qui s'élancent jusqu'aux voûtes semblent légères, parce que leur diamètre réel est dissimulé par la hauteur. Enfin, tandis que les  Grecs bâtissent les degrés, comme les colonnes, proportionnés les uns avec les autres, les maîtres d'oeuvre gothiques conservent toujours la même grandeur aux parties faites à destination humaine, telles que les portes ou les escaliers. De cette manière, l'oeil du spectateur possède toujours une échelle qui représente la moyenne de la stature humaine et qui lui permet de sentir sans cesse sa petitesse devant la grandeur de l'édifice.

Quoique l'art grec soit si complètement différent de l'art gothique, ce dernier était soumis à des lois de proportions harmoniques aussi strictes que l'autre. Ainsi l'église normale présente une largeur qui est contenue trois fois dans sa longueur ; la largeur de l'arcade principale mesure la hauteur des colonnes, les bas-côtés ont la moitié de cette largeur qui est contenue trois fois dans la façade et neuf fois dans la longueur totale de l'église, etc... De plus, la contruction, comme celle de l'ordre dorique, engendre elle-même sa décoration. Les contreforts, les colonnettes, les arcs-boutants, tout concourt à la beauté de l'ensemble, comme chez les Grecs les colonnes, les triglyphes, les métopes, la corniche et le fronton. 

Aucun commentaire: