mercredi 1 janvier 2014

Aux sources de l'Art Roman

 
Abbaye de Cluny depuis la tour des fromages.


                            Clocher de l'eau bénite et clocher de l'horloge, abbatiale de Cluny.
Narthex de l'église abbatiale de Cluny, dessin de Viollet-le-Duc.


 
Vue d'ensemble de l'église abbatiale de Cluny par Georg Dehio et Gustav von Bezold, fin XIXème.

Au XIème siècle, une  vie nouvelle  semble circuler. De tous côtés ont lieu de grandes assemblées où les évêques et les abbés prêchent la trêve de Dieu. L'état de la société s'améliore, l'âme s'ouvre aux grandes espérances, un autre moyen-âge commence : avant la fin du siècle, les trouvères chantent la Chanson de Roland, les Croisés prennent la route de l'Orient, le mouvement communal éclate çà et là, et au milieu de ce réveil général, les arts se relèvent. Si bien qu'aux environs de 1003, comme le dit le chroniqueur Raoul Glaber dans sa formule célèbre : "... c'était à qui, entre les populations chrétiennes, aurait les plus beaux édifices. On  eût  dit que le monde, secouant ses vieux haillons, voulait partout revêtir la robe blanche des églises".

En ce temps-là, entre tous, un ordre religieux cultive et propage les arts, c'est celui de Cluny, fondé au Xème siècle et qui dès le XIème siècle multiplie ses monastères dans toute l'Europe. Les Abbés de Cluny sont de véritables souverains, conseillers des papes et des rois, et leur abbaye est la plus vaste de toute la Chrétienté. L'église abbatiale de Cluny, reconstruite de la fin du XIème au commencement du XIIIème, avait 171 mètres de long : la basilique baroque de Saint-Pierre de Rome n'a que 12 mètres de plus ! Les Cisterciens qui réagiront contre le luxe des églises clunisiennes, seront cependant, eux aussi, d'excellents architectes.

Et c'est bien dans l'architecture qu'il faut chercher l'originalité de cet art nouveau, ce  Roman solennel et mystérieux.  Depuis le IVème siècle, la basilique chrétienne a subi bien des modifications déjà en Occident;  deux bras transversaux (transepts) se sont développés à l'intersection du choeur et de la nef et lui ont donné la forme d'une croix; sous le sanctuaire s'est étendue la crypte, véritable église souterraine ; enfin, sur l'édifice se sont dressés les clochers, qui, malgré leur nom moderne, n'ont pas été destinés d'abord aux cloches: on les appelait alors tours et, pendant les invasions normandes, elles avaient souvent servi pour le guet et la défense.

Ces divers changements se sont accomplis à l'époque mérovingienne et à l'époque carolingienne. Cependant, pour couvrir les basiliques, on avait conservé l'ancien système des combles en bois, si exposé aux incendies ; les invasions normandes en firent mieux sentir les défauts ; au XIème siècle, on y substitue presque partout la voûte et ce fut là le point de départ de toute les transformations architecturales, du Style Roman comme du Style Gothique.

Il est facile de le comprendre. Auparavant, les  murs latéraux et les supports n'avaient pas besoin d'une forte épaisseur et on pouvait, d'autre part, donner une grande largeur à la nef centrale : le comble ou le plafond n'était pas très lourd ; la pesée  sur les murs était faible. Si sur ces mêmes murs, qui avaient  été construits à cet effet, on établit une solide voûte, ils cédent et s'écartent : en effet, dans ce système, la poussée s'exerce obliquement et avec vigueur sur les murs ; s'ils n'ont pas les reins robustes, ils sont incapables de résister. Il faut donc augmenter l'épaisseur, restreindre les dimensions des fenêtres qui y sont ouvertes. En outre, plus la voûte est large, plus la poussée est énergique : il s'ensuit qu'on diminue la largeur des nefs. Du coup, toute la construction est transformée, et avec la construction, la physionomie de l'édifice.

Je souhaite une bonne et heureuse  année 2014 à mes fidèles lecteurs et particulièrement à tous ceux qui m'ont apporté leur soutien ces dernières semaines. Je ne peux répondre à  tous, chacun le comprendra. Rochefort mérite le meilleur, alors restons vigilants en 2014 !  

Aucun commentaire: