mercredi 29 janvier 2014

Les cloches sonnent de nouveau à Arc-sur-Tille


Pose de la couverture du clocher de l'église d'Arc-sur-Tille.

 
Vidéo sur la restauration de l'église d'Arc-sur-Tille.
 
 
Fervent défenseur du patrimoine, passionné par l'architecture religieuse, chacun sait que je m'implique dans la sauvegarde d'édifices remarquables. Ils sont hélas très nombreux à être menacés.  
Je suis tombé sous le charme de l'église néo-classique d'Arc-sur-Tille en Côte d'Or.
L'UEPA et son dynamique président et ami M. André Fanjaud se battent depuis 1991 pour la sauvegarde de leur église dont la démolition fut un temps décidée.
Depuis avril 2013, date du début de la première tranche des travaux de réhabilitation, un gros travail a été accompli. Et c'est avec une intense émotion, si palpable dans l'assemblée, que le 21 janvier dernier, la toiture du clocher s'est élevé dans les airs, que M. le Maire d'Arc-sur-Tille a posé le coq sur la croix alors que la voix des cloches résonnait enfin après un si long sommeil. Les photos et les vidéos rendent compte admirablement de cet évènement mémorable.
Une souscription a été lancée par nos amis de la Fondation du Patrimoine en vue de financer la deuxième tranche des travaux qui conduiront à la réouverture de l'Eglise Saint-Martin.
Un grand merci à tous ceux qui nous ont aidés, notre tâche n'est pas terminée, vos dons même les plus modestes sont toujours les bienvenues.
Rendez-vous sur le site  de l'association pour la sauvegarde de l'église d'Arc-sur-Tille :

dimanche 12 janvier 2014

Les secrets de l'art ogival

                                              
  Cathédrale de Bayonne, côté sud, vue du cloître.

 
Choeur de la Cathédrale de Bayeux


Le tailleur de pierre, magnifique sculpture à la cathédrale de Bayonne.

It is my pleasure to present my English-speaking readers with this beautiful video by Russel Tarr.
 








Vidéo en anglais de Russel Tarr : Romanesque vs Gothic Architecture.

L'architecture romane avait besoin d'un centre, d'une unité d'influence pour qu'elle pût devenir l'art d'une nation. Elle en était réduite à s'éparpiller sans  progresser, selon les caprices de telle ou telle communauté religieuse. Quand l'unité du pouvoir monarchique commença à s'établir, cette unité se trouva fondée. Elle fut secondée par les corporations laïques qui, vers la fin du XIIème siècle, commençaient à prendre la direction des arts dans toutes les provinces de France.

En peu d'années, on quitte les traditions romanes. Au lieu d'admettre même les restes de l'art byzantin ou de l'antiquité, les nouveaux artistes vont aller chercher dans la nature qui les entoure leurs motifs de décoration, et créent une architecture nouvelle. L'architecture improprement appelée gothique fut le  réveil du vieil esprit gaulois se passionnant pour une idée et protestant contre la puissance monacale. Ces vigoureux effort de la science et du libre examen contre des traditions vieillies donna naissance au compagnonnage. A cette époque, les grandes cathédrales du domaine royal sont élevées sur des plans nouveaux : Notre-Dame de Paris, les cathédrales de Chartres, Bourges, Meaux, Laon, Amiens, etc... sont commencées sous Philippe-Auguste et terminées au XIIIème siècle.

Partant du principe que les voûtes agissent suivant des poussées obliques, les architectes laïques inventent l'arc-boutant pour les maintenir, et ces arcs deviennent un ornement de plus qui donna comme des ailes aux vastes édifices qu'ils entouraient. Les piles se divisent en faisceaux de colonnettes et s'élancent jusqu'au faîte. Les murs, devenus inutiles, disparaissent et sont remplacés par des claire-voies ornés de vitraux colorés. Tout devient ornement, jusqu'aux moindres détails de la construction, tels que les ferrures, la plomberie, les supports. La forme pyramidale est adoptée comme étant la plus stable. L'édifice gothique s'élève semblable à un château de cartes, s'appuyant sur toutes ses parties, sans qu'on puisse en retrancher une seule, tant elles sont solidaires les unes des autres. C'est tout simplement un tour de force d'équilibre.

De même que le massif pyramidal caractérise l'art égyptien, et la ligne horizontale l'amour des Grecs pour les beautés de l'ordre terrestre, de même l'arcade sur le pilier, la permanence de la ligne ascendante, est l'expression de la seule économie qui réconcilie  le ciel et la  terre, qui mette l'homme en communion avec son Créateur. Selon l'heureuse expression d'un poète anglais,  les flèches de nos cathédrales sont "des doigts levés pour nous montrer le ciel".  

En effet, ce qui caractérise avant tout l'église dite gothique, c'est la dimension en hauteur qui fait paraître la nef plus grande et plus profonde qu'elle ne l'est en réalité. Les voûtes paraissent d'une élévation incroyable, et les colonnes grêles qui s'élancent jusqu'aux voûtes semblent légères, parce que leur diamètre réel est dissimulé par la hauteur. Enfin, tandis que les  Grecs bâtissent les degrés, comme les colonnes, proportionnés les uns avec les autres, les maîtres d'oeuvre gothiques conservent toujours la même grandeur aux parties faites à destination humaine, telles que les portes ou les escaliers. De cette manière, l'oeil du spectateur possède toujours une échelle qui représente la moyenne de la stature humaine et qui lui permet de sentir sans cesse sa petitesse devant la grandeur de l'édifice.

Quoique l'art grec soit si complètement différent de l'art gothique, ce dernier était soumis à des lois de proportions harmoniques aussi strictes que l'autre. Ainsi l'église normale présente une largeur qui est contenue trois fois dans sa longueur ; la largeur de l'arcade principale mesure la hauteur des colonnes, les bas-côtés ont la moitié de cette largeur qui est contenue trois fois dans la façade et neuf fois dans la longueur totale de l'église, etc... De plus, la contruction, comme celle de l'ordre dorique, engendre elle-même sa décoration. Les contreforts, les colonnettes, les arcs-boutants, tout concourt à la beauté de l'ensemble, comme chez les Grecs les colonnes, les triglyphes, les métopes, la corniche et le fronton. 

mercredi 1 janvier 2014

Aux sources de l'Art Roman

 
Abbaye de Cluny depuis la tour des fromages.


                            Clocher de l'eau bénite et clocher de l'horloge, abbatiale de Cluny.
Narthex de l'église abbatiale de Cluny, dessin de Viollet-le-Duc.


 
Vue d'ensemble de l'église abbatiale de Cluny par Georg Dehio et Gustav von Bezold, fin XIXème.

Au XIème siècle, une  vie nouvelle  semble circuler. De tous côtés ont lieu de grandes assemblées où les évêques et les abbés prêchent la trêve de Dieu. L'état de la société s'améliore, l'âme s'ouvre aux grandes espérances, un autre moyen-âge commence : avant la fin du siècle, les trouvères chantent la Chanson de Roland, les Croisés prennent la route de l'Orient, le mouvement communal éclate çà et là, et au milieu de ce réveil général, les arts se relèvent. Si bien qu'aux environs de 1003, comme le dit le chroniqueur Raoul Glaber dans sa formule célèbre : "... c'était à qui, entre les populations chrétiennes, aurait les plus beaux édifices. On  eût  dit que le monde, secouant ses vieux haillons, voulait partout revêtir la robe blanche des églises".

En ce temps-là, entre tous, un ordre religieux cultive et propage les arts, c'est celui de Cluny, fondé au Xème siècle et qui dès le XIème siècle multiplie ses monastères dans toute l'Europe. Les Abbés de Cluny sont de véritables souverains, conseillers des papes et des rois, et leur abbaye est la plus vaste de toute la Chrétienté. L'église abbatiale de Cluny, reconstruite de la fin du XIème au commencement du XIIIème, avait 171 mètres de long : la basilique baroque de Saint-Pierre de Rome n'a que 12 mètres de plus ! Les Cisterciens qui réagiront contre le luxe des églises clunisiennes, seront cependant, eux aussi, d'excellents architectes.

Et c'est bien dans l'architecture qu'il faut chercher l'originalité de cet art nouveau, ce  Roman solennel et mystérieux.  Depuis le IVème siècle, la basilique chrétienne a subi bien des modifications déjà en Occident;  deux bras transversaux (transepts) se sont développés à l'intersection du choeur et de la nef et lui ont donné la forme d'une croix; sous le sanctuaire s'est étendue la crypte, véritable église souterraine ; enfin, sur l'édifice se sont dressés les clochers, qui, malgré leur nom moderne, n'ont pas été destinés d'abord aux cloches: on les appelait alors tours et, pendant les invasions normandes, elles avaient souvent servi pour le guet et la défense.

Ces divers changements se sont accomplis à l'époque mérovingienne et à l'époque carolingienne. Cependant, pour couvrir les basiliques, on avait conservé l'ancien système des combles en bois, si exposé aux incendies ; les invasions normandes en firent mieux sentir les défauts ; au XIème siècle, on y substitue presque partout la voûte et ce fut là le point de départ de toute les transformations architecturales, du Style Roman comme du Style Gothique.

Il est facile de le comprendre. Auparavant, les  murs latéraux et les supports n'avaient pas besoin d'une forte épaisseur et on pouvait, d'autre part, donner une grande largeur à la nef centrale : le comble ou le plafond n'était pas très lourd ; la pesée  sur les murs était faible. Si sur ces mêmes murs, qui avaient  été construits à cet effet, on établit une solide voûte, ils cédent et s'écartent : en effet, dans ce système, la poussée s'exerce obliquement et avec vigueur sur les murs ; s'ils n'ont pas les reins robustes, ils sont incapables de résister. Il faut donc augmenter l'épaisseur, restreindre les dimensions des fenêtres qui y sont ouvertes. En outre, plus la voûte est large, plus la poussée est énergique : il s'ensuit qu'on diminue la largeur des nefs. Du coup, toute la construction est transformée, et avec la construction, la physionomie de l'édifice.

Je souhaite une bonne et heureuse  année 2014 à mes fidèles lecteurs et particulièrement à tous ceux qui m'ont apporté leur soutien ces dernières semaines. Je ne peux répondre à  tous, chacun le comprendra. Rochefort mérite le meilleur, alors restons vigilants en 2014 !